La France au Sahel, une clarification s’impose.

Par Génération•s

Un an après le sommet de Pau, le président de la République réunit à partir de ce lundi 15 février le G5 Sahel, consacré à la guerre menée par la France contre des groupes djihadistes déployés dans la région menaçant son équilibre.


Malgré des avancées démocratiques dans certains des pays impliqués dans ce conflit (élections au Niger et au Burkina Faso), la plupart s’enfoncent dans une guerre civile qui les oppose à deux ennemis : le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS). Des territoires entiers sont désormais administrés par des groupes armés terroristes (GAT) et les djihadistes neutralisés sont remplacés par des recrues locales.


Avec la force Barkhane concentrée dans la zone des trois frontières, la France connaît des succès militaires qui affaiblissent les groupes armés terroristes. En l’absence de perspectives et de solutions politiques, ces victoires tactiques ne permettent pas d’envisager une issue. Or, avec des structures étatiques sont en lambeaux, des conflits agraires exacerbés par des rivalités ethniques et une jeunesse, appauvrie, désœuvrée et sans avenir, les populations ne sont pas mécontentes de voir contestés par les GAT les anciens privilèges de caste.


Il est temps de clarifier les raisons politiques de notre présence au Sahel motivée jusque-là par la « guerre contre le terrorisme ». La France ne peut se contenter de faire valoir que le Sahel est « sa frontière sud » retombant ainsi dans une logique de puissance impériale.


Génération.s soutient la nécessité d’un véritable débat public, au Parlement et avec les citoyen.n.es, en toute transparence, sur le bilan de l’opération Barkhane, ses raisons d’être, son efficacité réelle et ses éventuels dérapages. Ainsi, toute la lumière doit être faite sur la frappe aérienne de Bounti qui aurait coûté la vie à des civils innocents. Ce débat doit aussi permettre d’étudier les différentes options à court, moyen et long terme de la présence française au Sahel et de ses bienfaits supposés. Si la création d’un califat au Sahel doit être combattue, c’est seulement au nom des droits humains que cette lutte doit être menée.


Par ailleurs, Génération.s appelle à la montée en puissance de la task force multinationale Takuba afin d’envisager une évolution de l’opération Barkhane, symbole d’une armée étrangère pouvant être perçue par certaines populations comme occupante, de surcroît celle d’un ancien Etat colonial.


Génération.s souhaite également que la France s’abstienne de toute ingérence dans les négociations entre les autorités maliennes et les groupes insurgés locaux en faisant confiance à la société civile et aux gouvernances locales. La France n’est pas là pour modeler le Sahel selon ses intérêts de puissance. C’est à l’ONU d’accompagner ces discussions.


Dans le même esprit, Génération.s appelle le président de la République à se défaire de ses obsessions concernant les périls démographiques ou migratoires largement fantasmés pour des raisons de politique intérieure et à rompre avec le paternalisme qui les accompagne.

2 commentaires

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Marianne 16/02/2021 - 15:29

Cette opération coûte environ 1 milliard par an.

Distribuée aux Maliens les plus pauvres chaque année, cet argent leur permettrait de développer de petites activités et de sortir peu à peu de la pauvreté.

Les islamistes, qui offrent des récompenses et des salaires dans un pays sans emploi, perdraient un important facteur d’attractivité.

Un plan Mashall pour le Mali, plutôt qu’une guerre !

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    Robert Simon 20/02/2021 - 21:46

    C’est aussi l occasion de faire le bilan de 60 ans d une politique de coopération qui n a été ni efficace ni transparente. Le combat contre le terrorisme islamiste doit s appuyer sur une politique économique, sociale, et environnementale qui répond aux besoins de la population des pays concernés et sur une bonne gouvernance.
    Oui à un plan Marshall pour le Sahel, pas seulement pour le Mali. Mais il ne faut pas que l argent ne disparaisse dans le sable et sur les comptes en banque des responsables politiques et des militaires.

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