Notre texte d’orientation stratégique – Nov. 2022

Les 19 et 20 novembre 2022, nous avons collectivement établi notre feuille de route en ratifiant le texte « Le temps de l’Union » enrichi des amendements des militant·e·s :

Nous sommes à l’aube de grands basculements.

La France, comme l’Europe et le monde, bascule vers la violence contre l’environnement ; l’été 2022 restera dans l’Histoire l’un des points de bascule de la prise de conscience de la réalité du dérèglement climatique.

La France, comme l’Europe et le monde, bascule vers la violence sociale ; alors que les inégalités atteignaient déjà des niveaux historiques, la crise sanitaire puis l’inflation achèvent de plonger des millions de Français·e·s dans la précarité.

La France, comme l’Europe et le monde, bascule vers la violence antidémocratique ; les partis d’extrême-droite progressent partout, parviennent au pouvoir dans un nombre croissant de pays, et ont déjà acquis des postes de pouvoir en France. Leurs idées deviennent majoritaires dans le récit culturel et politique. Il y a péril en la demeure républicaine.

A ces constats et dangers que nous, à gauche et à Génération·s en particulier, soulevons depuis des années, s’ajoute désormais celui du retour de la guerre en Europe dans un contexte de violence croissante sur de nombreux continents. Il est de notre devoir de soutenir l’Ukraine fermement, et de comprendre les conséquences de cette guerre sur les équilibres d’un système international fragilisé sous tension.

Paradoxalement, la conscience de ces basculements, commune à l’ensemble de la gauche écologiste, n’a pas su se concrétiser politiquement lors de l’élection présidentielle en une force puissante, unifiée et organisée pour la conquête et l’exercice du pouvoir afin de transformer la société. Ce sont les électrices et électeurs de gauche qui, en concentrant leurs suffrages sur le candidat le mieux placé au 1er tour de l’élection présidentielle, ont favorisé les conditions d’un accord unitaire, avec l’avènement de la NUPES. Nous croyons ses victoires possibles dans l’avenir, si elle sait se renforcer, se démocratiser, se décentraliser et s’ancrer localement. Pour y parvenir, nous estimons essentiel de repenser le rôle et la structuration des forces de gauche et de l’écologie, au service de l’unité et de notre projet de société.

Nous n’avons plus le luxe d’attendre patiemment la fin de notre éparpillement. Assuré·e·s que l’unité est un impératif pour la victoire, nous réaffirmons l’importance de rassembler toutes les sensibilités de la gauche et de l’écologie.

La Convention nationale doit nous permettre de répondre à une question capitale : notre parti a-t-il un rôle et une identité singulière à porter dans la construction de la gauche des années à venir ? Pour nous la réponse est indiscutablement oui.

Ce rôle, nous ne pourrons l’occuper qu’à deux condition refonder Génération·s, en termes decorpus idéologique comme d’organisation interne, et prendre une part active à la reconstruction de la gauche et de l’écologie.

I. Refonder Génération·s

Nous sommes de gauche. Nous sommes écologistes.

Ces mots sont les premiers de la charte que nous avons adoptée en 2017 à la fondation de notre parti. Plus que jamais, ils résument l’importance des combats que nous devons porter. Nous sommes convaincus que l’écologie sociale peut enrichir l’histoire de la gauche sans rien substituer à sa sédimentation historique : une compréhension de l’histoire sociale d’abord fondée sur les conditions matérielles d’existence des êtres humains et la construction collective de la liberté, non sur le fondement d’ordres traditionnels ou d’identités particulières.

De gauche, parce que nous portons au cœur de notre engagement l’émancipation des individus par la justice sociale et la démocratie. Parce que nous défendons les valeurs de la République. La liberté, celle que l’on acquiert en premier lieu grâce à l’école. L’égalité, l’égalité réelle, celle que défendent les combats féministes, antiracistes, antivalidistes, les combats pour les droits LGBTQIA+, au sein desquels nous devrons infailliblement nous trouver. Et la solidarité, bien sûr, celle qui réaffirme que les liens priment sur les biens. Parce que nous avons également chevillés au corps la laïcité, dans sa version non travestie, celle de Jean Jaurès et d’Aristide Briand, et l’internationalisme, dont le prérequis incontournable est le fédéralisme européen.

Ecologistes, parce que nous comprenons que la préservation de l’environnement et de la biodiversité est la condition est la condition de la survie de l’espèce humaine et que celle-là est menacée par un modèle de développement fondé sur le mythe de ressources infinies. On ne saurait toutefois comprendre les dangers du productivisme sans critique des mécanismes de domination à l’origine de cette prédation. Mais notre identité écologiste est également l’adhésion à une philosophie politique positive, qui doit urgemment trouver une alternative indispensable et heureuse au consumérisme. La société du temps libéré comme l’exigence de sobriété sont partie prenante d’un d’un idéal émancipateur ; la sensibilité au vivant, comme l’ensemble des réflexivités environnementales jusqu’alors cadenassées, sont un enrichissement de la condition humaine. Nous sommes donc convaincus que l’avenir de l’écologie, c’est la gauche ; et que l’avenir de la gauche, c’est l’écologie.

Ancrée à gauche, cette conception écosocialiste de l’écologie est un chemin nouveau, en rupture avec les vieux logiciels productivistes. C’est une matrice transversale pour comprendre et transformer le monde. Internationaliste, Génération·s doit continuer à s’engager par-delà les frontières avec les mouvements frères et les forces sociales, citoyennes et écologiste en faveur d’un monde plus juste.

La crise énergétique qui frappe actuellement nos sociétés confirme, s’il en était besoin, que la fin du monde et la fin du mois sont un seul combat. La gauche et l’écologie sociale sont notre identité. C’est pour la défendre, pour l’approfondir, pour mieux l’assumer que nous proposons de refonder Génération·s sur trois axes : le fonctionnement interne, le projet de société et la bataille culturelle.

a. Notre fonctionnement interne

Génération·s est né de l’idée que notre capacité à produire et diffuser des idées nouvelles dépendait en partie de notre organisation collective.

La première des exigences intéresse la simplicité de nos procédures : c’est la garantie d’une compréhension partagée des décisions prises.

Adaptons aujourd’hui notre organisation pour la rendre plus fonctionnelle, et pour assurer une meilleure vie démocratique interne.

Notre parti regorge de compétences et d’expériences, que devons associer et mettre à profit. À ce titre les Comités thématiques s’inscrivent dans la vie du mouvement au service de la formation interne à différentes échelles, des ETC, des comités locaux. Ils alimentent le dialogue et l’ouverture avec les autres partis de gauche et de l’écologie afin de travailler ensemble sur les thématiques.

Nous devons par ailleurs améliorer la communication interne dans notre parti. Généralisons les comptes-rendus des réunions de nos instances, incluons les militant·e·s dans l’actualité de Génération·s. Généralisons également les consultations militantes, relativement faciles à organiser grâce aux nouvelles technologies notamment pour les choix stratégiques et les choix des candidat.es pour les prochaines échéances nationales et européennes.

Enfin, afin de permettre à chacune et à chacun de se saisir de cette refondation et de jouer pleinement son rôle dans notre parti, nous concevrons un kit d’accueil et de formation que nous transmettrons à chaque adhérent·e ainsi qu’à chaque nouvelle adhésion.

La Vigie Démocratique et Ethique du mouvement remplira pleinement son rôle en étant garante de l’autorité de transparence financière, de l’autorité de transparence électorale, l’autorité de règlement d des conflits y compris de la lutte contre les discriminations et violences.

b. Le projet de société

Génération·s doit redéfinir les contours de la société qu’il défend. Au-delà des valeurs que nous défendons, nous portons des mesures fortes, le RUE, la taxe robot et le partage du temps de travail. C’est pourquoi nous proposons de faire de 2023 “l’Année des idées” pour Génération·s. Nous y définirons nos orientations politiques démocratiquement, où les idées et propositions des militant·e·s issues de l’ensemble des territoires seront mises en commun au niveau national. L’année des idées prendra notamment la forme de conventions thématiques nationales, associant les territoires, nos militant·e·s, nos élu·e·s, mais aussi nos partenaires et la société engagée, pour actualiser notre projet de société et identifier nos propositions phares pour les années à venir. Ces conventions donneront lieu à des contributions internes, des débats locaux et nationaux ; elles seront conclues par des votes de l’ensemble des adhérent·e·s sur chaque thématique.

c. La bataille culturelle

 Ces travaux de fond devront s’accompagner d’actions concrètes. Tout d’abord, nous devons mettre en place une véritable école militante, abordant des sujets de fond aussi bien des techniques militantes, cette école devra être tournée aussi vers l’extérieur, passerelle avec les autres partis de gauche et écologistes, ainsi que vers les organisations syndicales et toute la société civile organisée, désireux·ses de nous accompagner ou de nous rejoindre dans nos actions. Génération.s doit être un outil de mobilisation citoyenne.

Nous devons également organiser des campagnes autour de nos idées, sans attendre les échéances électorales. Ces campagnes nous permettront de diffuser nos idées, mais aussi de convaincre et de recruter de nouvelles militantes et nouveaux militants. Elles pourront être nationales ou locales, grâce à une répartition effective des moyens financiers vers les ETC. Elles devront particulièrement inclure les quartiers populaires, les territoires périurbains et ruraux. Enfin, elles devront aussi chercher à comprendre et lutter contre les abstentions dans leurs différentes formes, à donner envie, à donner à voir les enjeux et les possibilités d’action politiques.

Ces mobilisations devront être conçues en concertation avec nos élu·e·s, pour veiller à la cohérence de nos combats dans les territoires et dans les institutions. Mettons en réseau les élu.es Génération·s avec des ressources attribuées par le parti, des évènements publics, formations, partage de bonnes pratiques ou productions politiques communes.

Les Jeunes Génération·s, cheville importante et force mobilisatrice de Génération·s, devront y être associés, et disposer de moyens concrets.

Notre parti devra mettre en place une véritable instance de lutte toutes formes de discrimination et de harcèlement en interne en lien permanent avec ses homologues des autres partis de la NUPES. De plus Génération.s devra être exemplaire en matière de lutte contre le sexisme et les violences sexuelles avec proposition de formation et édition d’une charte spécifique

Cette refondation est possible car nous sortons enfin de l’urgence électorale. Elle est indispensable pour que nous puissions prendre toute notre part de ce qui doit être notre grand objectif pour les cinq prochaines années : participer à la reconstruction de la Gauche et accéder au pouvoir.

II. Génération·s au cœur de la reconstruction de la Gauche

Depuis deux ans, notre parti s’est engagé stratégiquement dans ce qui représentait la première étape de la construction de la Maison commune des progressistes, telle que nous la mentionnions dans notre Manifeste dès 2017 : le pôle écologiste.

Les contributions rédigées par les militant·e·s sur tous les territoires cet été le montrent : le bilan de la période est contrasté. Le pôle écologiste a débouché sur certains résultats intéressants dans plusieurs régions et départements lors des élections de 2021, et constitue une base d’organisation fonctionnelle et efficace dans un certain nombre d’assemblées, au premier rang desquelles l’Assemblée nationale. En revanche, ce même pôle écologiste a connu des limites importantes dans un certain nombre de territoires, et lors de l’élection présidentielle.

« Devant ce constat, et pour poursuivre notre travail de trait d’union dans le cadre de la refondation de la gauche et de l’écologie, il apparaît nécessaire, d’une part, de nous appuyer sur le travail réalisé avec EELV au titre du partenariat privilégié que nous avons construit, et d’autre part, de travailler dans le cadre unitaire de la gauche et de l’écologie : la NUPES. » Ce travail devra se faire tout en marquant notre identité, Génération.s.

a. Pérenniser et structurer la NUPES…

La Nouvelle Union Populaire, Écologique et Sociale est le premier signe d’espoir à Gauche après les années de morosité que nous avons connues. Nous n’avons pas le droit de décevoir. Condition des futures victoires de la gauche, ce rassemblement reste à parfaire et nous voulons y consacrer l’énergie nécessaire à son approfondissement, sa démocratisation, sa décentralisation. Garant·e·s de l’unité, nous souhaitons donc investir dès à présent les cadres de travail de la NUPES et les faire vivre.

A l’Assemblée nationale, nos député·e·s, au cœur du groupe écologiste et au sein de l’inter-groupe NUPES, seront les garant·e·s d’un travail collectif, partagé régulièrement auprès des militants, visant à donner aux citoyen·ne·s des perspectives d’alternance.

Sur les territoires, nous construirons les assemblées NUPES locales. Ce n’est qu’en travaillant au quotidien ensemble que nous pourrons tisser des liens et construire une culture commune.

Nous proposons également de donner une structuration plus formelle à la NUPES, à la manière d’une fédération de partis, mouvements et organisations, qui ne se substituera pas à chacun mais qui renforcera leurs liens et en assurera une coordination sur le long terme. Cela ne sera envisageable qu’à deux conditions expresses : cette fédération devra tenir compte plus finement des équilibres politiques des territoires, et non uniquement de celui lié à l’élection présidentielle, et garantir un fonctionnement démocratique. Les valeurs démocratiques que nous portons pour la société doivent s’appliquer à nos organisations en premier lieu. C’est dans ce cadre que pourra s’inscrire le parlement de la NUPES, qui est un formidable outil de dialogue entre les formations politiques et la société civile.

Nous devrons également permettre aux nombreux·ses citoyen·ne·s qui se sont engagé·e·s pour la première fois lors des élections législatives grâce à la NUPES, mais ne se reconnaissent pas tou·te·s aujourd’hui dans les différents partis qui la composent, d’y prendre toute leur place. Génération·s portera auprès de ses partenaires des propositions en ce sens.

Nous proposons de mettre en pratique dès le printemps prochain cette volonté de pérenniser l’union en organisant des universités de printemps communes à la NUPES, un an après sa création, comme première initiative au lendemain de la Convention.

b. …En construisant une nouvelle force de gauche écologiste

Nous en sommes convaincu·e·s : notre ligne politique, celle d’une gauche enrichie de l’écologie, renforce la NUPES. C’est pourquoi nous voulons qu’émerge une nouvelle force de la gauche et de l’écologie en son sein. Nous considérons en effet que la dispersion est préjudiciable à notre capacité à mener la bataille culturelle nécessaire à la reconquête de celles et ceux que la gauche a déçus.

Inversement, la consolidation d’une force nous rassemblant pourrait constituer l’axe central de la NUPES, élargissant sa base pour sa victoire politique.

Afin de donner un maximum de poids à nos idées et au projet que nous redéfinirons lors de l’Année des idées, nous devons construire des liens forts, transpartisans, avec toutes celles et ceux qui s’y reconnaissent. Nous avons pour cela deux atouts : d’une part notre capacité à parler à tout le monde à gauche, et d’autre part le fait que nous sommes un parti cohérent idéologiquement. En tendant la main à toutes celles et tous ceux qui rejoignent nos constats et partagent nos solutions, nous arriverons à impulser une dynamique autour de nos idées, qui allient justice sociale et écologie populaire.

Cette nouvelle force doit être un axe et un moteur de la NUPES. Si nos partenaires écologistes doivent y occuper une place naturelle, il ne s’agira pas d’une fusion avec EELV ou le pôle écologiste, mais de s’adresser à l’ensemble des militant.es qui partagent nos convictions et qui se posent, avec leurs partis actuels, la question de leur dépassement. Ce n’est qu’en rassemblant des sensibilités venues d’autres partis fondateurs de la NUPES, que ce soit à EELV, à la LFI, au PS, au PCF et au-delà, que cette nouvelle force pourra jouer son rôle. Elle ne pourra pas non plus se résumer à la fusion d’appareils existants : elle doit les concerner autant qu’elle doit répondre à l’aspiration de celles et ceux qui, en dehors des organisations, se mobilisent dans les syndicats, les associations et autres collectifs citoyens. Nous devons proposer un cadre au bouillonnement d’une société engagée autant qu’un débouché politique.

Cette ambition doit reposer sur des bases claires : notre projet politique ne peut s’accommoder de compromis sur le productivisme, le libéralisme économique, le respect des droits humains, ou encore sur nos exigences démocratiques. Rassemblons donc tous les partis et les militant·e·s qui entendent travailler une lecture du monde sur les fondements de la justice sociale, de l’écologie populaire et du renouveau démocratique. Au-delà, construisons une force citoyenne qui irriguera tous les territoires pour parler au plus grand nombre. Il nous faut répondre aux tensions qui affectent aujourd’hui notre action : articulation entre initiatives locales et projet global ; dépassement d’un discours intéressant davantage les centres urbains que les campagnes ou les banlieues ; tensions entre injonctions au changement de comportement individuel et politiques publiques structurelles. Soucieux que ce cap soit partagé par tous et à toutes les étapes de sa construction, nous mettrons en place, au lendemain de la convention, un groupe de travail dédié aux réflexions et à l’organisation de cette nouvelle force de la gauche et de l’écologie. Ce groupe de travail proposera un rapport régulier à l’ensemble des adhérent.es sur l’état des discussions avec nos partenaires et mettra en place un suivi permettant de vérifier la bonne prise en compte finale de nos impératifs politiques et stratégiques.

III. Et ensuite ? L’espoir revient.

Voici la feuille de route que nous fixons pour Génération·s. L’ambition est grande, mais elle est à la mesure des urgences auxquelles nous faisons face. Nous devons agir, et agir dès à présent. Génération·s doit résolument s’engager dans la construction de l’unité de toute la gauche sur le chemin qui nous mènera à la victoire en 2027, et ce dès les étapes importantes que seront les échéances électorales à venir, en particulier lors des élections européennes de 2024 et municipales de 2026. en y défendant la constitution de listes uniques. Pour les élections européennes, une liste de rassemblement nécessitera un accord sur le projet. Génération.s peut utilement porter le débat sur les enjeux européens pour construire nos convergences. Nous poserons donc ces débats au plus tôt avec nos partenaires de la NUPES.

Dans le cas où ces initiatives échoueraient, il reviendra aux militant.es de G.s de trancher notre position sur notre participation à ces élections sous une forme ou une autre.

L’espoir d’un changement de notre société peut nous conduire à la victoire malgré l’instabilité politique actuelle. C’est grâce à cet espoir, fruit de notre travail collectif, que nous pourrons donner corps à ce futur désirable, cœur de notre engagement commun.

Suivez le mouvement !

Recevez nos dernières actualités

En renseignant votre adresse vous acceptez de recevoir nos dernières informations par courrier électronique et vous prenez connaissance de notre politique de confidentialité.