Réforme de l’enseignement professionnel : nos élèves ne sont pas une main d’œuvre à bas coût !

Par Génération•s

Les annonces du Président de réforme de la voie professionnelle, lors d’un déplacement dans un lycée de Saintes jeudi 4 mai, confirment le démantèlement du service public d’éducation et la logique libérale de la macronie au service des entreprises avec l’argent public puisque le Président propose que les élèves de lycée professionnel en stage en entreprise soient indemnisés par …  l’État.

Le lycée professionnel ne doit pas devenir une fabrique de main d’œuvre
Génération·s dénonce cette vision du lycée professionnel adéquationniste, qui ne devrait répondre qu’aux besoins immédiats des entreprises locales. C’est une vision réductrice qui nie toute ambition éducative et émancipatrice de l’Ecole pour un tiers de la jeunesse de notre pays, majoritairement issu de familles défavorisées. Ces élèves doivent-ils quitter le giron de l’Education nationale pour rejoindre le marché du travail ? L’obsession martelée de l’insertion et de l’employabilité efface l’objectif éducatif et le ministère du Travail prend le pas sur le ministère de l’Éducation nationale.  L’ambition de l’État pour le lycée professionnel doit-elle se réduire à fabriquer et financer une main d’œuvre malléable et bon marché au profit des entreprises ?

Travailler de plus en plus jeune et en même temps de plus en plus vieux ?
Le lycée professionnel, grande cause nationale ? Oui, mais pour plus de justice sociale, pour le projet ambitieux d’un service public qui contribue à construire une société plus juste, plus solidaire et à la hauteur des défis de l’indispensable transition écologique. Ce n’est pas le projet du Gouvernement qui veut faire travailler les enfants des classes populaires plus tôt et, « en même temps », plus longtemps. Financer les stages des élèves n’est pas autre chose que de transférer des moyens vers des entreprises privées au détriment des missions du service public d’éducation.

Indemniser les élèves et augmenter les périodes de stage ne transformera pas le lycée professionnel mais ces mesures vident le service public d’éducation de son sens. Cette préprofessionalisation précoce annonce la mort du lycée professionnel en entretenant la confusion des genres entre lycéens ou élèves sous statut scolaire et apprentis sous contrat de travail. L’École du président Macron méprise les élèves comme les personnels, interchangeables pour répondre aux besoins : un professeur de lycée professionnel pourrait désormais enseigner à l’école ou au collège.

Assignation à résidence sociale et spatiale
Les propositions du président Macron sont des mesures court-termistes mais également une assignation à résidence sociale et spatiale des élèves de lycée professionnel. Si l’évolution de la carte des formations vers de nouvelles filières est nécessaire pour répondre aux défis des transitions sociale et écologique, que penser d’une carte des formations dépendante des besoins économiques des seules  entreprises locales sans pilotage national et global ? Les élèves seront assignés à résidence pour répondre à des besoins immédiats et très localisés. Cette territorialisation sera un frein supplémentaire à la mobilité sociale et géographique pourtant tant vantées.

Le lycée professionnel, comme le lycée général, doit former des élèves et des citoyen•nes éclairé·es. Sa vocation n’est pas de subventionner les entreprises tout en se désengageant de sa mission de service public, la formation.

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