L’évasion fiscale gangrène nos sociétés : combien de scandales avant d’agir ?

Par Génération•s

Cinq ans après l’affaire des Panama papers, les Pandora Papers démontrent une nouvelle fois l’ampleur et la gravité de l’évasion fiscale massive des plus riches, dont de nombreux et nombreuses dirigeant.es politiques et économiques. 

Par un travail international remarquable, les journalistes de l’ICIJ ont à nouveau mis à jour l’inaction des gouvernements face à cette fuite massive vers les paradis fiscaux, des montants qui s’élèveraient selon les documents réunis à un montant de plus de 11 300 milliards d’euros. Cette nouvelle enquête pointe des dérives déjà connues, déjà dénoncées, et pourtant toujours efficaces : sociétés écrans, trusts, mais aussi stratégies politiques cyniques en pleine lumière, y compris de territoires comme l’Etat américain du Dakota du Sud.

Mais elle montre également que certains leaders politiques, censés lutter contre les paradis fiscaux, sont les premiers bénéficiaires de ce système. Ces conflits d’intérêts minent la confiance dans les institutions internationales. 

Or ce chiffre inconcevable n’est pas une abstraction. Il témoigne d’un système économique et fiscal mondial pipé au profit des plus riches, qui mine en profondeur et depuis des décennies les piliers du pacte social et démocratique de nos sociétés.

Cet argent est volé aux citoyennes et aux citoyens, qui travaillent et payent leurs impôts, mais voient chaque jour les services publics anémiés, et les scandales financiers se succéder. Il faut ajouter un zéro de plus : le zéro pointé de la politique de lutte contre l’évasion fiscale en France, dont les derniers chiffres sont incompréhensibles. En effet, en 2020 le gouvernement français a vu chuter drastiquement la somme des montants recouvrés. Ainsi, sur les 80 milliards d’euros d’évasion fiscale estimés en France, moins de 8 milliards ont été récupérés l’an passé par Bercy. Combien de scandales faudra-t-il encore avant d’agir ?


A cette heure, ni Emmanuel Macron, ni le chef du gouvernement Jean Casteix, ni le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire n’ont réagi.

Plus prompt à créer de fausses polémiques sur les allocataires d’aides sociales, ou à placer les plus précaires sous le feu des réformes de l’assurance chômage et de la réforme des retraites au nom de quelques milliards d’euros d’économie, le gouvernement n’a rien fait pour mettre fin aux dizaines de milliard d’euros qui manquent à notre pays du fait de l’évasion fiscale. 

Génération.s appelle à une action volontaire contre l’évasion fiscale, à la fois en France et dans le monde. 

Il est nécessaire de mettre en place une réforme du système fiscal qui mette fin aux nombreuses « niches » et dérogations permettant de contourner l’impôt, de décupler les sanctions des fraudeurs et du système qui organise la fraude, de recruter les fonctionnaires nécessaires pour renforcer la DGFiP et ses moyens, et de protéger des lanceurs et lanceuses d’alerte qui souvent payent un prix personnel à la place des criminels qu’ils dénoncent.

La France doit agir enfin pour une action internationale d’envergure pour harmoniser la taxation des multinationales, mettre en place un reporting public pays par pays et une véritable transparence fiscale, et mettre fin aux conflits d’intérêt.

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