Elisabeth Borne vient de dévoiler son « Plan Avenir(s) » pour l’orientation, sans aucune remise en cause de Parcoursup, dispositif de sélection opaque et discriminant qui renforce les inégalités scolaires déjà criantes. L’enseignement supérieur privé, qui prospère sur l’angoisse des élèves, sort grand gagnant de ce système qui promet l’égalité des chances en organisant la reproduction sociale.
Ces annonces interviennent au lendemain de la publication de la Défenseure des Droits sur les inégalités dans l’orientation scolaire. À chaque étape, le parcours des élèves est façonné par leur origine sociale : à niveau égal, les enfants d’ouvrier·es sont davantage orientés vers la voie professionnelle. Au final, seuls 41 % d’entre eux accèdent à l’enseignement supérieur, contre 73 % des enfants de cadres. Derrière l’illusion de démocratisation, l’école française profite toujours aux plus favorisé·es, et laisse les autres de côté.
La pression imposée par Parcoursup aggrave encore ces injustices. Alors que les mieux doté·es disposent des ressources et outils pour contourner les obstacles du système, chaque année, des dizaines de milliers de jeunes restent sans solution après le bac. Cette pénurie n’est pas une fatalité, elle relève d’un choix politique : celui de réduire systématiquement les moyens de l’enseignement supérieur, encore amputés d’un milliard d’euros dans le budget 2025.
Pendant ce temps, le privé prospère : il accueille aujourd’hui plus de 26 % des étudiant·es, attiré·es par la garantie d’une place sans sélection. Dans ces organismes arrosés d’argent public, seulement 20 % du budget en moyenne est consacré à l’enseignement. À la clef, des formations de qualité douteuse, des étudiant·es endetté·es et une insertion professionnelle souvent difficile. Aujourd’hui, 56% des jeunes déclarent regretter leur orientation.
Quand tout sera privé, on sera privé de tout. Tel est le projet du gouvernement : abandonner le service public et laisser l’avenir des jeunes au marché.
Pour un véritable service public de l’enseignement supérieur, nous demandons la suppression de Parcoursup, l’ouverture des 100 000 places manquantes en université et une véritable politique d’égalité à chaque étape du parcours scolaire et universitaire. Pour enfin tenir la promesse d’une école républicaine et émancipatrice, qui profite à tous et toutes.