Pap Ndiaye : des semblants d’annonce et toujours pas de réponse aux besoins de l’Ecole publique

Par Génération•s

Des annonces pour le collège, vraiment ?

Le ministre Pap Ndiaye vient d’annoncer des mesures pour lutter contre les difficultés que rencontrent certains élèves en français et en mathématiques à l’entrée au collège. Il propose, en plus du dispositif « devoirs faits » ouvert à tous les collégiens, une aide d’une heure hebdomadaire d’approfondissement ou de renforcement aux élèves de 6ème ayant des fragilités dans les compétences du cycle des approfondissements.

Il est un fait que de nombreux élèves arrivent au collège avec une maîtrise insuffisante des compétences en lecture, écriture et mathématiques et que ces difficultés ont un impact sur l’ensemble du parcours de ces élèves au collège et donc sur leur orientation.

Cet accompagnement réalisé par des professeurs des écoles pourrait à première vue apparaître comme du bon sens mais cette mesure ne semble être qu’un pansement peu efficace tant elle ne semble pas s’appuyer sur une réelle étude des causes de ces difficultés, sans même évoquer et interroger les causes organisationnelles ou structurelles de cette mesure.

En effet ce dispositif existe déjà dans les écoles maternelle et élémentaire. Mais le constat est sans appel : cette aide personnalisée ne fonctionne vraiment que pour les élèves rencontrant des difficultés ponctuelles dans l’acquisition de nouvelles connaissances ou compétences.

Quid des élèves dont les difficultés sont plus profondes et qui pourtant, semblent être le cœur de cible de ce dispositif ?

Et des solutions, une autre école, pas plus d’école…

Des solutions existent déjà pour répondre aux besoins de la plupart de ces élèves mais elles subissent les méfaits de politiques successives de casse du service public d’enseignement :

Tout d’abord la médecine scolaire qui, par ses pré-diagnostics devrait permettre de détecter les déficiences auditives et visuelles, les retards de langage et les problèmes de concentration. Mais la médecine scolaire est de moins en moins disponible sur le terrain alors que les déserts médicaux se multiplient sur les territoires. Un enfant qui voit mal, entend mal, s’exprime mal ne peut entrer pleinement dans les apprentissages.

Il conviendrait de s’interroger en amont sur les causes de ces difficultés, hors école et au sein de l’école, afin de pouvoir proposer un accompagnement qui puisse réellement pallier ces difficultés. Les RASED (réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté) contribuent à prévenir et réduire les difficultés d’apprentissage. Mais, depuis 2008, ils subissent la fermeture massive des postes de professeurs spécialisés entrainant de facto de nombreuses suppressions de prise en charge des élèves les plus en difficulté. Cela laisse s’installer les situations d’échec scolaire que nous connaissons aujourd’hui alors que le dispositif aurait dû être renforcé et même élargi au collège. Le taux d’encadrement doit être réévalué pour permettre un allégement des effectifs dans les classes afin que les enseignants puissent répondre réellement à l’hétérogénéité des élèves qui s’est accentuée avec la pandémie Covid 19.

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Alors les « annonces » de M. Pap Ndiaye ne sauront répondre efficacement au constat que nous faisons sur l’état de notre système éducatif et en particulier sur le collège qui agrège toutes les difficultés du parcours scolaire que si le ministère accepte, enfin, de mettre en place une politique ambitieuse au service de tous les élèves et en s’appuyant sur l’expertise des personnels. Il paraît vain de chercher une remédiation aux difficultés ou un remède aux maux de l’Ecole avec un retour aux fondamentaux, en cloisonnant les savoirs, alors qu’au contraire, c’est avec une approche pluridisciplinaire que l’on pourrait redonner du sens à ce qui est fondamental.

Notre Ecole, tous nos élèves méritent mieux, ils n’ont pas besoin de journées à rallonge, ils ont besoin d’effectifs réduits et de professeurs formés, à l’écoute de leurs besoins et au service de leurs apprentissages.

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