Intervention de Benjamin Lucas et Sophie Taillé-Polian au Conseil Fédéral d’Europe Ecologie Les Verts

Par Génération•s

Chères amies, chers amis,

Merci pour votre invitation ce matin à nous exprimer devant le Conseil fédéral.

Génération.s a fait le choix démocratique de participer à la construction du pôle écologiste lors de notre dernière Convention nationale. Nous sommes honorés de partager avec vous cette aventure inédite et, j’ose le dire : historique.

Nous ne concevons pas ce choix comme une simple finalité, mais comme l’un des moyens de construire l’alternative, le rassemblement, la dynamique qui permettront demain de convaincre, de gagner, et de gouverner au service de la transformation sociale, écologique et démocratique dont notre pays a tant besoin.

Notre concours à cette construction commune signifie cela : nous voulons faire gagner l’écologie politique en 2022. Nous voulons qu’elle accède aux responsabilités de l’Etat pour qu’elle puisse mettre en oeuvre une politique qui réponde aux urgences du présent, amplifiées par la crise, comme la pauvreté, la précarité énergétique, les discriminations, le sexisme, et qui invente les solutions innovantes de l’avenir pour un changement durable de modèle.

Vous le savez, nous croyons à la centralité du Revenu universel d’existence dans ce projet transformateur, à la fois parce qu’il répond aux grandes mutations du travail, de l’économie, qu’il éradique la pauvreté, mais aussi parce qu’il est un moyen de changer radicalement la société en faisant de chaque citoyen un acteur de la démocratie, de la transition écologique, de la culture et des liens qui fondent la fraternité républicaine.

Nous  voulons la victoire, et nous la croyons possible.

Nous la croyons possible parce que la crise a changé la hiérarchie des valeurs et mis à mal le modèle libéral et productiviste qui s’est montré non seulement incapable de résoudre les conséquences de la crise totale que nous vivons, mais aussi et surtout responsable de ses causes les plus profondes.

Nous la croyons possible parce que l’écologie sociale est la réponse la plus adaptée tant aux réalités de notre époque qu’aux espoirs que fondent en l’avenir nos concitoyens.

Nous la croyons possible car le paysage politique, encore incertain, laisse à notre famille politique la possibilité d’occuper la place centrale au sein de la gauche qui lui donne la force de se rassembler, de convaincre et de gagner. Face aux effondrements environnementaux, sociaux et démocratiques qui nous menacent chaque jour avec plus d’insistance, l’écologie est la solution, le nouveau récit optimiste et positif pour faire aller de l’avant notre pays et notre République.

Alors, puisque la sincérité est la clef de l’amitié, nous voulons vous dire ce matin, franchement et sincèrement, ce que nous croyons être les conditions de notre réussite commune.

Une étude récente indique que dans tout le paysage politique, c’est la vision de la société portée par les écologistes qui reçoit la plus forte adhésion de nos concitoyens. Cela prouve que les Français sont pleinement conscients de l’urgence climatique dont ils vivent déjà les conséquences et que seul un projet de transition assumé peut offrir aux générations qui viennent un futur désirable. C’est un point d’appui qui nous encourage autant qu’il nous oblige. Car parallèlement les Français n’accordent à la principale formation écologiste qu’un niveau de crédibilité très inférieur à celui de la droite. C’est un défi pour nous tous.

Nous pensons que nous pouvons ensemble gagner et gouverner, non pas comme une force d’appoint mais comme le cœur d’une coalition de transformation écologique, sociale et démocratique qui apaise et rassemble la société.

Crédibles, nous le serons si nous répondons au besoin de protection face à cette crise totale.

Oui, l’écologie politique est intrinsèquement sociale. Mais cette réalité n’est pas encore assez perçue dans l’opinion. Notre enjeu collectif sera d’incarner pleinement l’aspiration à l’égalité et à de nouvelles conquêtes au service de la justice et de la dignité. Le partage des richesses, les droits sociaux, le service public, la justice fiscale ne sont pas des questions secondaires. Comme vous, nous savons qu’il n’y aura pas de transition écologique sans réduction des inégalités ni remise en cause de ceux qui accaparent les richesses, les ressources et font exploser les émissions de carbone. 

L’écologie politique peut et doit être populaire.

L’Histoire en témoigne, on ne transforme pas le pays sans une mobilisation et une adhésion massive de la société.

Face au plus grand défi de l’Histoire de l’humanité que représente le péril climatique, devant l’effondrement démocratique et la violence des injustices, il nous faudra mobiliser bien au-delà des 25% d’électeurs suffisants pour accéder au second tour de l’élection présidentielle.

Il nous faudra conquérir une majorité politique qui incarne la majorité sociale du pays. Nous ne pourrons pas nous contenter de ne parler qu’aux centres urbains privilégiés. Pour l’emporter et pour réussir dans l’exercice du pouvoir, ce sont d’abord les classes populaires et moyennes, la jeunesse, les habitants des quartiers populaires qui devront nous juger aptes à exercer les responsabilités.

Crédibles, nous le serons si nous rassemblons.

Nos concitoyens sont lucides sur l’échéance de 2022 et ils réclament notre unité. On juge aussi de la crédibilité d’une force politique à sa capacité à construire autour d’elle des rassemblements cohérents, en respectant chacun pour produire une plus-value collective. Notre enthousiasme à construire le pôle écolo vient aussi de notre volonté de briser les réflexes sectaires ou les tentations hégémoniques. C’est à ce prix que nous pourrons façonner l’agenda politique et médiatique du pays, et nous adresser au plus grand nombre.

Nous avons, avec Benoît Hamon, été des lanceurs d’alerte pour proposer des solutions audacieuses aux mutations qui traversent la société (revenu universel, taxe robots, reconnaissance du vote blanc, refondation l’Ecole). Nous sommes fiers de construire ce pôle avec les premiers lanceurs d’alerte dans le champ politique. Et je veux rendre hommage aux militants écologistes qui, des décennies durant, ont essuyé les injures et les moqueries mais ont persévéré. Nous leur devons tant, non seulement pour notre famille politique, mais aussi et surtout pour l’avenir de la planète.

Aujourd’hui, c’est à la construction de cette crédibilité collective, de cette synthèse politique nouvelle autour de l’écologie sociale et populaire que nous voulons que s’attèlent les mouvements du pôle écologiste et demain, nous l’espérons, toutes les forces de gauche.

Alors, nous souhaitions qu’une force politique nouvelle soit le cadre de cette discussion stratégique et politique, mais aussi le propulseur de cette dynamique nécessaire.

En attendant, nous sommes déterminés à construire ensemble chaque pierre, chaque étape, avec le souci de nous respecter mutuellement, de nous faire confiance et de savoir chacune et chacun, nous dépasser nous-mêmes.

Cette grande ambition collective d’avoir à partir de 2022 une majorité et un gouvernement écologistes, nous la savons réalisable.

Le climat, les Françaises et les Français, la démocratie la méritent !

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