Cédant devant la panique des marchés financiers, Trump suspend partiellement les droits de douane annoncés il y a une semaine.
Un protectionnisme au service du chaos
Drastiques, agressives et non-ciblées, ces taxes n’auraient protégé ni les travailleur·euses ni l’industrie américaine.
Le but de Trump : imposer un rapport de force brutal pour dicter ses conditions politiques et économiques au monde, et affaiblir son rival chinois, avec qui la confrontation continue.
Ses annonces avaient amorcé une guerre commerciale mortifère aux conséquences mondiales : inflation, baisse du pouvoir d’achat, tensions internationales…
L’Europe, idiot utile du libre-échange
Les annonces de Trump auraient dû être l’occasion de remettre en cause la mondialisation débridée, dont on connaît les ravages : dumping social et fiscal, surexploitation des ressources, destruction des écosystèmes…
Mais l’UE continue d’ériger le libre-échange en dogme : refusant tout changement de paradigme, elle a d’abord préféré temporiser et amadouer Trump pour arracher des accords préférentiels, sans succès.
Les mesures de rétorsion annoncées hier par l’UE n’étaient pas à la hauteur : sans cap politique clair, elles auraient risqué de causer une escalade stérile de la guerre commerciale, toujours au détriment du plus grand nombre.
La pandémie de Covid-19 avait pourtant révélé notre dépendance critique à l’étranger pour des produits essentiels, comme les masques ou les médicaments. Regagner notre souveraineté sur ces secteurs clefs apparaissait alors comme une évidence. 5 ans plus tard, le logiciel néolibéral reste hégémonique.
Il est temps rompre avec cette hypocrisie : refuser la dictature du commerce international pour reconstruire un modèle social, écologique et souverain.
- Une transition écologique souveraine
Le commerce international d’aujourd’hui sert un modèle écocidaire, qui sacrifie la planète au profit des multinationales. Un changement radical est indispensable, pour :
- Renforcer nos normes environnementales et les protéger de la concurrence déloyale des pays qui sacrifient l’environnement au profit
- Favoriser la production et la consommation locales, et réduire les émissions liées aux transports mondialisés.
- Protéger les biens communs (eau, terres, forêts, climat) contre la prédation marchande
Alors que les émissions intérieures de GES ont diminué de 33% depuis 1995, celles liées aux importations ont augmenté. En 2023, elles constituent 56% de l’empreinte carbone française : on pollue toujours, mais chez les autres.
- Une économie au service des peuples, pas des multinationales
L’ouverture totale des marchés a engendré la sape de nos services publics et de notre appareil productif. Une protection économique sensée, c’est :
- Sortir les secteurs vitaux des mains du marché : santé, énergie, alimentation doivent échapper aux logiques de rentabilité.
- Imposer des taxes ciblées sur les filières stratégiques, pour permettre la relocalisation de la production et de la consommation
- Empêcher la captation de la richesse créée chez nous par les actionnaires des multinationales
L’UE a délocalisé la fabrication de 80 % de ses principes actifs de médicaments, principalement en Inde et en Chine. Résultat : en 2023, près de 5 000 médicaments en tension ou en rupture en France.
- La garantie d’un modèle social digne et solidaire
La mondialisation néolibérale organise la mise en concurrence des travailleur·euses à l’échelle mondiale, dans une course vers le bas qui ne profite qu’au capital. Un protectionnisme social, c’est :
- Décourager les délocalisations, en imposant des taxes stratégiques et en harmonisant les normes sociales vers le haut en Europe
- Rompre avec le diktat du profit et de la compétitivité à tout prix, pour renforcer la protection sociale et augmenter les salaires
- Empêcher l’importation de biens et services produits à moindre coût au mépris des droits humains.
Depuis 2000, la France a perdu près de 60% de ses effectifs dans l’industrie textile. En 2023, Shein, géant chinois de l’ultra-fast-fashion, est la première marque d’habillement en France, grâce à ses prix hyper-compétitifs permis par l’exploitation des travailleur·euses et de l’environnement.