Afghanistan, 20 ans après, retour à la case départ La France peut et doit agir pour protéger les populations civiles

Par Génération•s

Si la chute de Kaboul signe l’échec de la coalition militaire qui œuvre depuis 20 ans, elle est aussi et surtout le début d’une nouvelle ère de terreur pour la population afghane. Dans ce contexte, la France doit tout mettre en œuvre pour protéger ses ressortissants et accueillir les populations afghanes qui le souhaiteraient.

La chute de Kaboul, l’échec d’une coalition

La journée du 15 août 2021 a été marqué par la chute de Kaboul, la capitale afghane et la victoire totale des talibans, pour reprendre les mots de l’ex-président Ashraf Ghani en fuite, alors que le pays est tombé comme un fruit mûr à une vitesse foudroyante.  Elle signe l’échec de la coalition militaire et politique occidentale dont la France faisait partie jusqu’en 2014. Celle-ci s’est montrée dans l’incapacité de faire émerger un processus de paix crédible ou à défaut d’affaiblir suffisamment les talibans pour conjurer leur retour au pouvoir. Pire, le retrait précipité des troupes américaines, aux airs de débandade, signe la faillite des services de renseignement occidentaux et celle d’un gouvernement afghan corrompu et sans réel pouvoir malgré les centaines de milliards de dollars déversés.  Les négociations directes entre Américains et talibans, sous l’égide du Qatar, depuis 18 mois, annonçaient ce que la population urbaine, désormais pour partie occidentalisée, vit comme un abandon et une trahison, les enfermant dans le piège de l’obscurantisme.


Des populations civiles fortement menacées

Cet échec, ce sont les populations civiles afghanes qui vont d’abord en subir les conséquences. Dès la reprise du contrôle de territoires par les talibans, les premiers pillages, disparitions, mariages forcés et exécutions sommaires ont eu lieu. . Les discours rassurants des responsables talibans à Doha, experts en communication internationale, sont démentis par les pratiques des commandants locaux. Ce climat de terreur n’est que la première étape d’une longue nuit qui risque de s’abattre sur l’intégrité et la survie de populations entières au premier rang desquelles les femmes afghanes qui seront à nouveau privées de tout droit à l’éducation, au travail, et de tout respect de leur condition humaine. Au-delà, avec l’imposition de la Sharia, c’est le monde de la culture, des scientifiques, des démocrates, et simplement toute personne souhaitant vivre ou s’exprimer différemment des préceptes talibans qui se retrouvent en danger immédiat.

Des conséquences régionales et internationales

La communauté internationale s’alarme bien tardivement. Alors que la Chine négocie depuis plusieurs semaines avec les talibans pour éviter qu’ils soutiennent les Ouïghours et préserver leurs infrastructures et investissements économiques dans la région, en échange de leur reconnaissance du nouveau régime, que le Pakistan – dont les services secrets ont soutenu les talibans en sous-main – et la Turquie cherchent d’abord à éviter un afflux de réfugiés, il paraît bien tard pour « une solution politique » réclamée par l’OTAN.

Au-delà de la compassion affichée par les Occidentaux vis-à-vis des populations afghanes, c’est le risque de reconstitution d’un sanctuaire pour les groupes terroristes comme Al-Qaïda et Daech, qui inquiète.  

La France peut et doit agir pour protéger et accueillir les populations françaises comme afghanes

S’il parait improbable de voir un renversement de situation à court terme, la France, en accord avec ses partenaires européens, doit faire le maximum pour accueillir les populations qui réclament notre protection. Nous demandons que le gouvernement français :

  • Accorde l’asile ou la protection subsidiaire en France à tous ceux et celles qui le demandent sans se limiter à la suspension des expulsions ;
  • Mette fin aux blocages administratifs dans les consulats des pays voisins pour mettre en œuvre sans délai le droit à la réunification familiale ;Assure la sécurité et le rapatriement immédiat des ressortissant·e·s français·e·s  et des personnes ayant travaillé avec la France ainsi que leur famille ;
  • Facilite et accélère les demandes de visas et d’asile, y compris depuis les pays voisins de l’Afghanistan.

Au-delà nous demandons à l’échelle internationale que la France :

  • Incite l’ensemble des pays de l’UE à également stopper toute expulsion et à organiser l’accueil coordonné des réfugiés afghans ;
  • Etudie avec la communauté internationale l’ensemble des moyens possibles pour faciliter le départ d’Afghanistan des civils qui le souhaiteraient, à commencer par ceux présents à l’aéroport de Kaboul ;
  • S’engage, comme la Grande-Bretagne, au Conseil de sécurité de l’ONU à peser pour que la communauté internationale ne reconnaisse pas le régime des talibans.

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