Une action publique qui réduit les inégalités

Le mouvement des Gilets jaunes a révélé au grand jour l’ampleur des inégalités sociales et territoriales. Ce mouvement social est à la croisée de deux trajectoires. D’abord, la vivacité d’un sentiment de relégation sociale ancien réactivé par la disparition progressive de nombreux services publics et la détérioration de leur qualité. L’impuissance et les difficultés  d’une grande partie de la population face aux effets en cascade de la crise écologique ensuite. L’étalement urbain s’est accompagné d’une périurbanisation qui condamne les classes populaires et moyennes à une dépendance inéluctable aux services des villes centre et donc à la voiture dans nombre de territoires .

Cette amplification des inégalités résulte directement des choix politiques d’aménagement du territoire réalisés depuis 40 ans. La course à l’attractivité du territoire s’est inscrite dans une vision productiviste de la ville. Pour installer toujours plus d’entreprises et d’habitants, il fallait construire toujours plus de logements et de bureaux, d’aéroports et de gares TGV, au détriment du coût écologique de ces projets et des besoins des populations (en particulier des plus précaires). La conséquence en est dramatique : une concentration des populations et des opportunités dans les grands centres urbains et un délaissement des périphéries. 

L’hyper-centralisation de la France tend à renforcer ces inégalités territoriales et majore l’incapacité des territoires à trouver les moyens locaux de leur propre développement. La prédominance de l’État central dans le système politique et institutionnel français a un effet direct sur la faible autonomie des territoires et sur l’incapacité à investir durablement dans des services publics de qualité adaptés aux problématiques des usagers.

Les inégalités territoriales se doublent d’une inégalité dans l’accès aux services publics dont la qualité et la quantité sont d’autant plus faibles que dans les territoires sont défavorisés. La baisse continue des dotations aux collectivités a ainsi des conséquences désastreuses dans le maintien de l’accès à un service public local de qualité sur tout le territoire, et sur le fonctionnement quotidien des collectivités. Cette logique générale empêche un débat serein sur les besoins de la société et la manière d’y répondre. Un constat s’impose: les métiers les plus essentiels (enseignants, infirmiers, aides-soignantes, etc.) sont parmi les moins bien rémunérés alors qu’en dépend une large part de notre vie en société. Les rendre à nouveau attractifs devra faire partie des solutions proposées. 

Et pourtant, sur de nombreux territoires se développent des initiatives et des démarches qui portent la nécessaire transition écologique et sociale de nos modes de vie. Elles portent en elle le souffle de la réinvention politique, la force de l’intelligence collective, de l’innovation sociale et les graines du changement politique indispensable.

Pour une égalité des chances de tous les territoires : sortir de l’impasse de l’opposition entre centralités (villes, métropoles) et périphéries

Alors que les derniers gouvernements ont volontairement creusé l’écart entre les centres urbains, dynamiques et vecteurs d’emploi et de savoirs, et les territoires « périphériques », l’un des grands enjeux pour l’équilibre de nos territoires et la réduction des inégalités territoriales est de reconnecter entre eux les territoires urbains, périphériques et ruraux.

Pour cela, en cohérence avec la révolution sociale et écologique des mobilités,  il convient de repenser en profondeur la politique de transports publics et les grands investissements associés (connexions infrarégionales, alternatives au TGV…).Redynamiser les territoires « périphériques » passe par une politique massive d’investissements spécifiques notamment dans les services publics et la création d’emplois dans les territoires en fragilité économique et sociale en y consacrant l’effort de relocalisation économique. 

L’égalité territoriale ne peut être réalisée qu’à travers une réforme profonde du système français jacobin hyper centralisé qui développe l’autonomie des territoires afin de favoriser la créativité et l’adaptation des politiques publiques aux enjeux des territoires à l’heure de la mise en oeuvre d’une politique résolue de transition. 

Pour une société féministe

Depuis l’avènement du néolibéralisme, les violences faites aux femmes et les inégalités femmes-hommes n’ont eu de cesse de se renforcer et sont d’autant plus aggravées par les périodes de crise. 

La défense de l’égalité réelle entre les femmes et les hommes doit être pleinement intégrée à l’écriture d’un projet de société en rupture avec  les logiques productivistes. 

Ce n’est qu’en assumant pleinement le lien entre précarité, travail à temps partiel, familles monoparentales… et la place des femmes dans notre société que nous parviendrons à construire une société réellement égalitaire. 

Ainsi, il est urgent de reconsidérer l’ensemble de ce modèle inégalitaire. De la discrimination salariale, aux inégalités de traitement dans les évolutions de carrière,à la dévalorisation des carrières hachées et à une fiscalité discriminante (particulièrement visible sur les pensions de divorce). A l’heure d’un recul considérable de l’accès à l’IVG à travers le monde, il est urgent de sanctuariser les droits des femmes dans tous leurs aspects, la considération de celles-ci et le respect de leur corps.

L’égalité réelle entre femmes et hommes doit s’envisager de manière transversale. 

Pour l’égalité réelle 

La France est au premier rang des pays développés en matière de reproduction sociale. Le système éducatif renforce plus les inégalités qu’il ne les résout. Le dogme méritocratique de la société française se révèle une formidable machine à maintenir les rapports de domination et à assujettir les plus défavorisés dans leur condition sociale. La diversité, l’égalité réelle et l’inclusion sont au coeur de la bataille pour la cohésion. Les sociétés diversifiées et inclusives, où chacun se sent libre de choisir sa place, sont des sociétés plus solidaires, plus apaisées où les citoyen.nes sont plus impliqué.es.

La diversité, l’égalité réelle entre femmes et hommes,  l’inclusion et le sentiment d’appartenance doivent être au cœur de la démocratie de demain et devenir une composante culturelle de notre pays.

Aujourd’hui en France, l’égalité effective des droits des personnes LGBTI+ n’est pas réalisée. Les discriminations, les oppressions et les violences verbales et physiques restent le lot quotidien de beaucoup d’entre elles. Il est temps d’agir efficacement dans la lutte contre ces dernières, et de parvenir enfin l’égalité effective des droits des personnes LGBTI+ !

En matière de prévention des discriminations et de protection des populations il est de la responsabilité de la société de protéger les plus faibles, à commencer par les enfants. L’aide sociale à l’enfance doit être considérée comme une politique prioritaire de l’État.

La lutte contre les stéréotypes et la sensibilisation dès le plus jeune âge aux questions de violence et de partage de l’espace public doivent être systématiques.

Les discriminations à l’embauche doivent cesser et un plan massif d’action pour y arriver doit être mis en œuvre. 

Les services publics de demain

Face à l’accentuation des inégalités, les services publics doivent être vecteurs de protection, de  cohésion et de progrès social. Alors qu’une transformation rapide et profonde de notre société est rendue nécessaire par l’enjeu écologique, ils constituent les fondements d’une politique sociale ambitieuse et  inclusive.

Les services publics de demain doivent offrir à tous et toutes une égalité d’accès réelle, ce qui implique une implantation de proximité, en associant les citoyen.nes à leur gestion pour en améliorer l’efficacité et mieux répondre aux besoins. Les principes fondamentaux  doivent s’imposer : gratuité pour l’immense majorité, indépendance vis-à-vis des lobbys, statut garanti pour les salarié.es du service public, etc.

Les régies citoyennes et l’économie sociale et solidaire doivent constituer les piliers des services publics lorsque c’est possible.

Pour des territoires pionniers dans la lutte contre les inégalités 

Alors que les inégalités environnementales recoupent très largement les inégalités sociales, les territoires sont un levier puissant pour incarner concrètement la transition écologique et sociale.

La révision des compétences des collectivités territoriales et l’élargissement du droit à l’expérimentation et la possibilité d’imposer des clauses de mieux-disant sont autant de réformes nécessaires pour aller au-delà du strict minimum légal au plan social et environnemental.

Le principe de subsidiarité et le droit à contractualiser entre territoires pour mutualiser les moyens constituerait une avancée certaine.

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