RÉSOLUTION D’ACTUALITÉ INTERNATIONALE – LUNDI 10 NOVEMBRE 2026
ADOPTÉE À L’UNANIMITÉ PAR LE PARLEMENT DE GÉNÉRATION·S
La crise que traverse le Soudan depuis 2023 avec son cortège de massacres de populations civiles, et la tragédie que traverse Gaza, consécutive à la réponse de l’État d’Israël aux attaques terroristes du 7 octobre de la même année nous rappellent que le risque génocidaire et de crimes contre l’humanité est toujours présent. Au Soudan, l’ONU, par la voix de sa conseillère spéciale à récemment considéré ce risque comme « très élevé ». A Gaza, la cour internationale de justice a, dans une ordonnance, demandé à l’État d’Israël de prendre des mesures conservatoires visant à empêcher la commission d’actes de génocide à l’encontre des populations palestiniennes.
Ces deux crises illustrent des instances internationales promptes à constater mais impuissantes à agir, démontrant l’effondrement de l’ordre international né sur les décombres de la Seconde guerre mondiale dont les ingrédients sont :
– la faillite du droit international et du cadre multilatéral,
– l’internationalisation croissante des conflits par l’intervention accrue de puissances tierces,
– la contestation d’un ordre international jusque-là dominé par l’Occident et dont la clef de voute était une relation transatlantique aujourd’hui mise à mal par le retour de Donald Trump à la Maison blanche.
Ce contexte chaotique signe le retour des logiques impériales qui font primer la force sur le droit. Les acteurs internationaux – tels les Etats-Unis et la Russie –, garants hier de la viabilité du système onusien et de la sécurité collective, en sont devenus aujourd’hui les fossoyeurs. Le Conseil de sécurité n’est plus en capacité de gérer la moindre crise internationale. Les Etats sont donc renvoyés à leurs responsabilités, favorisant ainsi le retour du campisme et des affrontements entre blocs, comme en témoignent les incessantes passes d’armes entre Pékin et Washington. Cela ouvre aussi la porte aux ambitions de puissances régionales libérées de toute contrainte vis-à-vis de leurs voisins.
Aujourd’hui, l’effondrement s’accélère avec la propagation des autoritarismes, portée par la nouvelle internationale des extrême-droites – dont Donald Trump, Vladimir Poutine, Victor Orban, Benjamin Netanyahu ou encore Javier Mileï constituent l’acmé –, qui affiche sa volonté de mettre fin à la démocratie libérale et à l’Etat de droit. Alliée au monde de la tech américaine, l’extrême-droite menace partout les libertés et érige l’autoritarisme populiste en modèle.
Une nouvelle grammaire des relations internationales s’écrit sous nos yeux, sans que l’Europe ou la France n’en soient parties prenantes. Confrontée en son sein par la montée de l’illibéralisme et au retour de la guerre sur son sol avec le conflit russo-ukrainien, l’Europe tarde à apporter des réponses politiques convaincantes aux défis qui ne sont pas exclusivement sécuritaires. Si l’Europe de la défense est bien en discussion, nombre d’enjeux existentiels – transition de son modèle économique et social, irruption de l’intelligence artificielle, souveraineté industrielle et numérique – restent en jachère. Traditionnellement force motrice et de proposition à l’international et à l’échelle européenne, la France semble aux abonnés absents, incapable de prendre des initiatives.
Face à l’effondrement du système international qui accélère la montée de l’extrême-droite, et à l’accélération de celle-ci qui alimente en retour le chaos mondial, il y a urgence.
Urgence pour l’Europe de jouer un rôle dans l’affrontement qui se joue entre la Chine et les Etats-Unis en dépassant enfin divergences internes afin de parler et agir d’une seule voix pour ne pas disparaître de la scène internationale. Tout en poursuivant et en approfondissant ses engagements en matière de transition climatique, elle doit continuer à défendre les libertés publiques, l’Etat de droit et la démocratie. En aucun cas, elle ne doit faire allégeance à l’une ou l’autre de ces puissances et doit se doter des moyens de son indépendance stratégique.
Urgence pour la France d’assumer ses responsabilités partout où c’est possible en continuant de défendre le multilatéralisme, les droits de l’homme et les solutions négociées. Au-delà, elle doit se défaire des oripeaux d’un néocolonialisme qui l’ont conduite à être évincée du continent africain et au-delà.
Urgence enfin pour la gauche et les écologistes de tracer un nouvel horizon internationaliste. Résister est un devoir, mais cela ne suffira pas à conjurer le retour des extrême-droites ni protéger l’Etat de droit. L’internationalisme qui est dans notre ADN nous invite non seulement à bâtir des digues mais aussi à penser et construire le monde de demain.
Génération.s affirme sa volonté de porter, en France et en Europe, la voix d’un internationalisme écologiste, féministe et démocratique, fondé sur la justice sociale, l’égalité entre les peuples et la primauté du droit sur la force.