Bien grandir pour bien vivre

Alors qu’ils sont et seront encore les premiers touchés par les conséquences de la crise du Covid 19, les jeunes sont trop souvent oubliés, méprisés au titre de leur rattachement à la cellule familiale. Pourtant, outre le chômage et la précarité, les jeunes sont avant tout victimes de la reproduction de la violence sociale. Les causes et les conséquences ne sont plus à démontrer,  l’École ne parvient pas à surmonter.

L’un des marqueurs fondamentaux de la société à construire réside dans le respect profond de la dignité, de l’égalité et de la liberté de choix des générations futures.

Pour y parvenir il faut réaliser plusieurs objectifs :

  • Réduire les facteurs de reproduction sociale pour permettre à tous d’avoir accès à une éducation de qualité ;
  • Favoriser l’indépendance : esprit critique vie démocratique et indépendance financière sont les maîtres- mots d’une jeunesse active, républicaine engagée et heureuse ;
  • Reconstruire notre lien au temps libre, à la culture et aux loisirs.

Réduire les facteurs de reproduction sociale pour permettre à tous d’avoir accès à une éducation de qualité

Les données sociologiques et économiques ne laissent plus de doute : l’École ne parvient pas à faire de l’égalité des chances une réalité. Il convient de refonder l’école, autour d’un service public de qualité, tant dans ses infrastructures que dans la répartition de ses élèves ou dans la qualité de ses enseignements. Réforme de la carte scolaire, révision des modalités de financement de l’enseignement privé, réhabilitation des locaux, équipement numérique, prise en charge à 2 ans, apprentissage des langues dès le plus jeune âge, revalorisation des métiers de l’enseignement sont autant de propositions que de passages obligés pour garantir à tous un accès égal aux chemins de l’émancipation, de la formation de citoyen, de l’indépendance financière.

Passeurs du savoir mais aussi incarnation de la République et de ses valeurs, au sein de l’École, et plus globalement de la société, les enseignants doivent bénéficier d’un statut revalorisé. Ils doivent bénéficier d’une formation initiale et continue renforcée et de salaires accrus : ce n’est plus une question à débattre. Les modifications passées ont affecté les conditions de travail des agents, entraînant des difficultés de recrutement, des démissions, ou pire… Pour une école capable de répondre aux enjeux de la justice sociale, il faut se donner les moyens de ses ambitions.

Mais cela n’explique pas tout, une réflexion doit être menée sur la compétition instaurée dès le plus jeune âge, intensifiée et faussée par la réforme du bac et Parcoursup. Cette réflexion devra amener à repenser la place de l’élève dans son parcours éducatif, instaurer de la continuité, faire confiance aux jeunes afin qu’ils retrouvent confiance dans l’institution.

Pour y parvenir une réforme en profondeur de la scolarité du collège à l’enseignement supérieur est nécessaire, avec les professeurs, les élèves et les familles. Elle associera ces dernières tout au long du parcours de l’enfant, de l’adolescent et du jeune adulte afin, non seulement de maximiser ses chances de réussite scolaires, mais aussi de l’accompagner dans ses choix d’orientation.. Ce dernier élément est essentiel pour rompre avec les logiques de classe, d’orientation subie, et revaloriser les parcours professionnels. Ces parcours seront une des clefs de la réussite de notre projet de société : plus local, plus respectueux de l’environnement et du bien-être, il suppose la formation de professionnels de proximité : artisans, ouvriers, spécialistes des métiers du soin à la personne, etc.

Favoriser l’indépendance : esprit critique vie démocratique et indépendance financière sont les maîtres- mots d’une jeunesse active, républicaine engagée et heureuse

Il n’est plus à démontrer que la transition écologique est l’enjeu fondamental de ce siècle. Il en va de notre futur. Les jeunes sont à l’avant-garde de ce mouvement jusqu’à devenir le moteur des marches pour le climat. La jeunesse est prête à changer de modèle économique et de fonctionnement pour faire advenir une société véritablement écologiste et humaniste. Mais il est un paradoxe que nous devons dépasser : la faiblesse de la participation des jeunes à la vie démocratique institutionnelle. Il est urgent de donner à cette jeunesse les moyens de gagner son autonomie en lui faisant confiance. Nous devons permettre à chacun.e de participer à l’élaboration des politiques publiques et de faire entendre sa voix pour ne plus subir les décisions et ne plus être un consommateur de la vie politique mais en devenir un acteur à part entière.

Devenir un.e citoyen.ne actif.ve, responsable et pleinement conscient.e des enjeux contemporains ne s’improvise pas. C’est un apprentissage long qui doit débuter dès l’école primaire et se prolonger jusqu’au lycée. Outre les questions de contenu des programmes qui doivent permettre à chacun de construire son esprit critique, il est nécessaire de donner une place plus importante et fonctionnelle aux représentant.es des jeunes. Ainsi, à l’opposé de la crise du système représentatif, il faut que chaque jeune puisse participer à la vie de son établissement de différentes manières et de façon directe et permanente.

Une société éco-citoyenne, c’est également une société qui transmet à ses enfants des valeurs écologistes. Cet enjeu doit être abordé dans sa globalité tout au long de la scolarité. Etre écologiste suppose de respecter le monde qui nous entoure dans toute sa diversité et de choisir un mode de consommation et de relation aux autres et aux choses qui soit durable, responsable. Il faut en finir avec l’approche concurrentielle entre les élèves et prôner l’entraide pour qu’une fois adultes ces personnes prennent systématiquement des décisions en considérant les besoins d’un projet avec le respect du vivant, des ressources et de notre biodiversité.

Les aspirations démocratiques passent d’abord par l’exigence du respect de la dignité et d’un accès égalitaire à une formation initiale de qualité. Ainsi, cette construction en tant que citoyen n’a pas de sens en dehors d’une émancipation réelle et financière : accès aux prestations sociales dès 16 ans, mise en place d’un revenu universel, création d’offres de logements abordables, refondation de l’aide sociale à l’enfance, multiplication des contrats jeune adulte… sont autant de préalables à l’émergence d’une société apaisée, égalitaire et démocratique.

Reconstruire notre lien au temps libre, à la culture et au loisir

La pandémie a, contre toute attente, remis la question de la place de la culture au cœur de la vie sociale et économique. Comme pour rappeler que les politiques culturelles sont indissociables des champs sociaux et économiques et qu’elles doivent être pensées conjointement…

La culture ne se limite pas aux arts. Elle implique aussi le rapport aux savoirs, les domaines scientifiques et techniques, les modes de relation et d’échanges des citoyen.nes entre eux, la place des pratiques symboliques et créatives, le développement de l’esprit critique, l’expression des désirs. Elle comprend bien sûr les relations avec l’environnement naturel. Elle est outil de résistance au tout-consumérisme. Elle élargit la vision et porte vers l’avenir. Elle vise à rendre plus conscients, plus critiques et capable d’agir sur la société pour la changer.

En cela la culture est fondatrice du lien social et constitue un levier essentiel de l’émancipation de chacun.e.

Les politiques culturelles doivent être un rouage essentiel de la lutte contre les inégalités, de construction de la capacité à participer à la transformation de la société. Elles doivent permettre aux citoyens de participer pleinement et de façon autonome à la vie citoyenne.

Dans une société apaisée, la place croissante du temps libre doit s’accompagner de la définition de l’action culturelle comme un service public : la culture comme Bien commun au service de l’émancipation. A ce titre, il faut mener un large plan de dé-marchandisation de la culture qui s’oppose aux logiques qui imposent aux créateurs des critères de rentabilité, qui poussent à la facilité, qui brouillent encore plus les frontières entre culture et divertissement, pratiques créatives et soumission consumériste. L’État, par son engagement, peut favoriser l’accès à une culture diverse et critique, à l’opposé des géants vendant du « temps de cerveaux disponible ».

La culture (pratiques, découvertes, apprentissages…) doit être placée au cœur de l’école grâce aux institutions culturelles de tous types (théâtres, musées, médiathèques, associations, etc.), les fédérations d’éducation populaire et les collectivités territoriales. L’éducation à l’image et aux usages du numérique doivent aussi trouver leur place dans ce domaine. Les nouvelles pratiques du numérique suscitent le besoin de « tiers lieu » entre l’école et les citoyen.nes, centres de ressources culturelles et d’apprentissages pour que parents et enseignants développent au mieux ces nouvelles fonctions.

Suivant le même objectif, il est impératif de lutter contre l’utilisation intensive des médias marchands qui réduisent l’attention du spectateur au service d’un consumérisme basé sur la création de réflexes pulsionnels d’achat, privilégiant l’émotionnel au détriment de la réflexion et de l’objectivité. Qu’il s’agisse de télévision ou de réseaux numériques, les dégâts sont nombreux : captation de l’attention, rapt des données, manipulation des opinions, invasion des « fake news » et hystérisation des échanges, etc. Une politique culturelle démocratique doit permettre de limiter et contrôler les effets des technologies initialement pleines de promesses.

A l’opposé des super productions énergivores, il faut construire une société où s’épanouissent les projets de proximité qui protègent et développent l’emploi culturel et les petites structures, préservent leur indépendance, qui permettent de reconstruire des liens forts entre les acteurs de l’éducation populaire dans les territoires et les appareils d’action culturelle : établissements publics, patrimoine, théâtres, musées, etc. Dans une société du temps libéré, au rythme moins trépidant, les politiques de médiation éducative et culturelle doivent se multiplier pour faciliter l’accès de ceux qui sont exclus des pratiques culturelles. Parallèlement, consolider le statut d’intermittent  et créer un statut de l’artiste est indispensable pour accompagner les initiatives locales innovantes axées sur la participation des habitant.es, la confrontation avec des artistes et des créateurs.trices, la recherche de nouvelles formes d’animation territoriales.

Enfin, loin des dernières réformes qui ont mis hors-jeu « l’éducation permanente » en réduisant la formation continue à des formations adaptation aux compétences professionnelles, développer les fonctions de médiation culturelle et éducative pour tisser des liens et des continuités entre la formation initiale, les pratiques culturelles, en donnant du sens à l’éducation tout au long de la vie.

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