Communiqué de Génération·s suite à l’audition du Premier ministre François Bayrou dans l’affaire du scandale de Bétharram.
Entendu hier par la Commission d’enquête sur les violences en milieu scolaire au sujet de l’affaire Bétharram, François Bayrou livre un témoignage d’une inconséquence invraisemblable, met en cause les témoins comme la Commission, et prétexte toujours l’ignorance. Depuis 2023, 200 plaintes dénonçant de graves violences physiques et sexuelles commises sur des élèves de l’institution entre 1950 et 2010 ont été déposées. Ministre de l’éducation, président du Conseil départemental, parent d’élève… au croisement de toutes les responsabilités, François Bayrou ne pouvait ignorer la réalité des faits dénoncés.
Les révélations successives de la presse, confirmées par les témoignages recueillis sous serment par la Commission, sont accablantes pour le Premier ministre. Après avoir affirmé n’avoir eu aucune connaissance des violences, il multiplie les déclarations contradictoires. D’abord, il nie tout contact, puis reconnaît avoir rencontré le juge Mirande, qui l’alerte dès 1998 sur la gravité des accusations de viol visant l’ex-directeur de l’établissement, le père Carricart. Plus grave encore : selon le témoignage de deux gendarmes, il serait intervenu auprès du procureur général de Pau dans cette affaire, en violation flagrante de l’indépendance de la justice. Alors que de nombreuses voix tentent, au fil des années, de dénoncer les pratiques criminelles de l’institution, elles sont systématiquement réduites au silence. En 1996, François Bayrou lui-même se rend dans l’établissement pour lui témoigner son soutien en tant que ministre de l’Éducation nationale, après la plainte d’un parent d’élève.
En tout, Mediapart dénombre 14 mensonges proférés par François Bayrou depuis les premières révélations. Malgré l’ampleur du scandale et la profusion de témoignages et d’archives, il préfère s’enfoncer dans le mensonge plutôt que de prendre ses responsabilités face aux victimes qu’il a refusé de protéger. Cette attitude est une insulte envers toutes les personnes ayant subi de telles violences, et elle est indigne d’un Premier ministre.
Bétharram n’est pas uniquement l’un des plus graves scandales de violences physiques, éducatives et pédocriminelles en France : c’est un scandale d’Etat, le symbole d’une omerta institutionnelle qui n’a que trop duré. La responsabilité de l’Etat est de protéger les enfants et les victimes, pas les institutions ou leur réputation. Nous ne pouvons accepter qu’un Premier ministre mente à la nation pour couvrir une institution coupable et préserver son poste. François Bayrou doit démissionner.
Mais cela ne saurait suffire. Chaque année, au moins 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles en France, un chiffre largement sous-estimé. Face aux violences, il est urgent de mettre fin à la loi du silence. Toute la lumière doit être faite sur les agissements à Bétharram, comme dans de nombreux autres établissements privés sous contrat, trop peu contrôlés.
Nous adressons notre soutien aux victimes de Bétharram, ainsi qu’à toutes les victimes de violences physiques, éducatives et sexuelles.
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