À force de mépris, que restera-t-il de l’École républicaine après deux quinquennats Macron ?

Par Génération•s

L’éducation, de l’école au lycée, relève d’enjeux forts : permettre à un·e enfant, un·e adolescent·e de s’émanciper au travers de son environnement, d’acquérir des savoirs, des méthodes et des aptitudes afin qu’il·elle puisse vivre son présent et préparer son avenir. Notre pays se doit d’avoir une politique éducative à la hauteur de ces enjeux.

Le contenu du pacte enseignant a été en partie dévoilé. Les interrogations étaient fortes et les besoins à satisfaire essentiels. La diversité des missions exercées par les enseignant·es allait-elle être reconnue ? L’enseignement allait-il redonner l’envie à des jeunes de s’y engager ? La charge de travail, parmi les plus lourdes d’Europe, allait-elle être prise en compte, voire revue à la baisse ? Le pouvoir d’achat des enseignant·es, qui n’a cessé de se dégrader depuis des décennies, allait-il être réparé par une politique salariale digne de ce nom ?

C’est malheureusement sans surprise que nous constatons que ce pacte ne répond pas aux attentes. Il témoigne de l’absence de politique éducative pour faire face aux enjeux actuels, et balaye la promesse du candidat Macron d’augmenter, sans condition, de 10%, tou·tes les enseignant·es. L’écran de fumée des éléments de langage du Président de la République, et de ses ministres, ne peut dissimuler le fait que le salaire des enseignant·es ne sera pas augmenté. La part dédiée à une augmentation sans contrepartie n’est liée qu’à des primes (donc sans bénéfice en matière de retraite), et, en moyenne, elle ne couvrira même pas l’inflation sur un an.

Cette absence de revalorisation ne peut avoir d’autre finalité que de vouloir contraindre à travailler encore plus, pour gagner un petit peu plus, en acceptant un pacte dont la priorité est le remplacement au pied levé d’enseignant·es absent·es pour une très courte durée. Quel mépris pour les élèves qui souffrent surtout de l’absence de remplaçant·es pendant des mois, quel mépris pour la réalité du métier d’enseignant !

Loin des sérénades sur la « valeur travail » il est question, en fait, de dévaloriser le travail réel d’un·e enseignant·e en laissant entendre qu’une heure avec des élèves ne s’inscrit pas dans une continuité anticipée et préparée. Il est également absurde d’imaginer que nombreux·ses seront les enseignant·es du premier degré, à pouvoir, en plus de leur charge de travail, effectuer des heures de soutien dans un collège voisin. De façon générale, le Ministre de l’Education Nationale, Pap Ndiaye, semble confondre heures de garderie et heures de cours. La seule façon de pallier le manque d’enseignant·es est d’en recruter davantage, et pour cela le mépris salarial, comme le mépris du métier doivent cesser !

Y a-t-il, malgré tout, des annonces fortes en matière d’école inclusive ? Encore une fois, et malgré de nombreuses alertes, toute une partie du personnel éducatif qui agit au quotidien pour l’émancipation et la réussite de tou·tes les élèves est oubliée : rien n’est prévu pour sécuriser professionnellement, revaloriser et reconnaître les AESH, et les associer aux missions d’une équipe éducative.

Dans le même temps, Macron veut inscrire sa réforme du lycée professionnel dans le cadre d’une « loi travail » en diminuant toujours plus la part d’enseignements, en réduisant toujours plus le champ des possibles pour l’avenir d’un tiers de la jeunesse bachelière. Son seul projet pour cette partie de la jeunesse est qu’elle soit corvéable à merci ; l’émancipation, pour elle, il n’en est pas question dans le projet d’Emmanuel Macron.

Tout cela témoigne d’un projet de société orienté et inquiétant !

Le comité éducation de Génération·s

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