Depuis maintenant une semaine, les caméras des chaînes d’information en continue sont braquées sur Trappes, une commune populaire des Yvelines. Au fil des interventions médiatiques, les caricatures et les fausses informations viennent nourrir la stigmatisation envers ses 32 000 habitants.
Face au lynchage médiatique, Ali Rabeh, Maire de Trappes et militant de Génération.s, ne baisse pas la garde et, toujours en première ligne, enchaîne les interventions médiatiques pour rétablir des faits. Élu de terrain, il va au contact des habitants, et singulièrement des jeunes, dont le sentiment de relégation qui y était déjà fort s’accroît au fil des polémiques. Il a le courage et la lucidité de regarder la situation en face, de lutter sans relâche, loin de l’agitation médiatique.
Nous le soutenons face au déferlement de haine, venu de tous bords, qui s’abat sur lui pour avoir eu le courage de se dresser pour rétablir la vérité. En tant que Maire, et militant dans sa commune depuis de nombreuses années, il défend au quotidien les valeurs de la République, et combat ceux qui l’attaquent. Le préfet des Yvelines rappelle d’ailleurs la qualité de leur coopération au quotidien :
“Trappes fait l’objet d’une attention et d’un travail minutieux des services de l’Etat, l’ancien maire, dans le déni, refusait d’accompagner nos initiatives, avec la nouvelle municipalité, il y a une totale coopération. Trappes est un terrain difficile et délicat, nous faisons de la dentelle et voilà que M. Lemaire arrive avec un bulldozer et saccage nos efforts.”
Il nous paraît déplorable d’avoir à s’en justifier ici, quand ces actions se mènent à bas bruit. Défendre les valeurs de la République, c’est se battre au quotidien contre les injustices, contre les discriminations. Attaquer un Maire républicain dans ce contexte contribue à fragiliser les actions menées pour l’égalité républicaine et la lutte contre les inégalités. Face à la multiplication des menaces de mort qu’il reçoit, les autorités républicaines doivent le protéger. Le silence assourdissant à cet égard est insupportable.
Comme Ali Rabeh, et dans le contexte du débat public autour de la loi “renforçant les principes de la République”, nous refusons que la question des quartiers populaires soit réduite à une opposition aveuglée entre angélisme béat et haine anti-musulmans. Les élus de terrain savent la complexité des enjeux. Nous devons refuser que les enjeux républicains actuels se résument à la question de la place de l’islam dans notre société. Nous regrettons qu’aux voix de la droite et de l’extrême droite se mêlent désormais celles d’une partie de la gauche. Les récupérations politiciennes sont indignes des enjeux qui s’imposent à tous les responsables politiques.
La République a abandonné les quartiers populaires que certains préfèrent qualifier de territoires de non droit, au lieu d’avancer des solutions. Ne rendons pas responsable cette jeunesse des difficultés qu’elle subit. Quelle politique de logement pour favoriser la mixité sociale et en finir avec la ghettoïsation des quartiers populaires ? Quels moyens mobilisés pour l’emploi et l’insertion des jeunes ? Quel accompagnement des élus locaux et des acteurs de terrain dans la formation et la lutte contre la radicalisation ? Voilà les vrais débats qui doivent avoir lieu.
Dans cette ville où les problèmes de notre société sont exacerbés, il est effarant de constater qu’une lecture identitaire tente de masquer la complexité des difficultés sociales rencontrées. Le repli communautaire devient pour certains, c’est vrai, la seule manière de retrouver un sentiment de fierté contre un sentiment d’abandon et de relégation. La radicalisation est un sujet sérieux, qui doit être combattu avec précision sur le terrain. Les premiers vainqueurs du déferlement médiatique qui s’abat sur Trappes, les premiers à se satisfaire des menaces de mort que son Maire reçoit, ce sont les islamistes eux-mêmes. Montrer du doigt les banlieues ne résoudra pas les problèmes qu’elles rencontrent au quotidien, et qu’Ali Rabeh en tant que Maire combat sans relâche.